« Il faut arrêter d’emmerder les gens »… C’est ainsi que M. Lafforgue, maire de Castelnau-le-Lez, justifie de sa demande de moratoire à propos du report de la ZFE dans la métropole, au 1er janvier 2025 pour les véhicules de crit’air3 à travers une pleine page dans le Midi Libre.
Une bonne dose de démagogie à 18 mois des prochaines municipales, rien de tel pour se refaire la cerise sur le dos des concitoyens. Peu importe le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement et sa prévision de réchauffement à 3.1 degrés d’ici 2100 à ce rythme. La métropole de Montpellier est tellement mal desservie, c’est bien connu : tram, parking en bout de ligne, vélo, bus, le tout gratuit. Bientôt bus-tram…mais non rien n’y fait, il faut encore et encore reculer puisque c’est censé rapporter.
La politique, c’est servir ses concitoyens pour l’intérêt général, pas servir la soupe aux administrés, en les infantilisant de manière paternelle. Que dire sur les 300 à 400 morts prématurés de la métropole à cause de la pollution ? Qu’ils doivent cesser « d’emmerder les gens » ? Comment justifier qu’en Italie du Nord, on parvienne à appliquer des ZFE ainsi que dans 14 pays de l’UE ? Quelle est donc cette différence de nature entre les décideurs transalpins et le plancher des vaches de nos plaines littorales ?
Pour accompagner la transition, demandée par M. Lafforgue, la métropole de Montpellier a déjà prévu des dérogations pour se rendre dans les zones d’activité, accéder aux parkings relais du Tram comme pour les petits rouleurs assurés de moins de 8000 km par an. Elle a également mis en place le Pass 52 jours pour permettre aux habitants non concernés par la ZFE de se rendre une fois par semaine dans une ZFE. Idem pour les professionnels. Il ne l’ignore pas?
En réalité, l’enjeu n’est pas de rejouer le modèle des 30 glorieuses avec des richesses moins inéquitablement réparties. C’est indispensable, cela va sans dire et la gauche est autrement plus légitime pour le mener à bien. L’enjeu, au XXIe siècle, est de DIMINUER le nombre de véhicules en circulation, de favoriser l’autopartage, d’améliorer la santé publique en baissant la sédentarité par la marche à pied, le vélo, les transports en commun gratuits. Sans ce basculement, la politique choisie par Montpellier3M serait un non-sens. Pourquoi de tels efforts financiers consentis pour maintenir la totalité d’un parc automobile vétuste en circulation ? Absurde et inconséquent.
Ce triste épisode aura au moins le mérite d’éclairer ce qui relève des convictions et de ce qui relève des postures politiciennes toujours éphémères. Une ligne de partage entre ce qui relève du Vieux monde et le nouveau, en gestation.
Najate Haie