Nous ne sommes pas et ne serons jamais de celles et ceux qui crient avec les loups, surtout lorsque l’essentiel est en cause, la république. Mais tout de même. A l’issue d’une semaine politique plutôt baroque, on est en droit de soulever la question: A quoi jouent Emmanuel Macron et les siens?
Le débat Attal, Bardela était déjà fort discutable avec la malheureuse complicité active du service public. Elle organisait la confrontation, non entre deux candidats mais entre un chef de file aux Européennes et l’actuel Premier ministre. Cela revenait à présenter le RN comme la seule alternative de fait à l’actuelle majorité, affaiblissant probablement sa propre candidate, Valérie Hayer. Un calcul politicien particulièrement osé, réitéré par la décision du Chef de l’Etat, proposant un débat avant le 9 juin, entre Le pen et lui. Absolument insensé. On voudrait renforcer la galaxie nationaliste et son bras le plus avancé que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Le chef de l’Etat s’abaisse à un tête à tête avec la leader de l’extrême droite, sans aucun égard pour le débat démocratique européen en cours et rejoue désespérément une troisième fois le duel Renaissance/RN sur un mode, « moi ou le déluge ».
Trois hypothèses et pas davantage sont possibles pour une telle faute morale et politique: l’hybris connu du chef de l’Etat, la déconnexion absolue de ses conseillers ou la panique à tous les étages. Dans les trois cas, c’est un naufrage qui affaiblit l’ensemble du camp républicain dans sa diversité et renforce la crédibilité d’une accession au pouvoir du RN, dans les faits comme dans les têtes, à la faveur de la présidentielle de 2027 ou d’une hypothétique dissolution de l’assemblée législative d’ici là. La démocratie ne peut se résumer à des coups lorsque les formations nationalistes sont annoncées à plus de 40% et que le camp présidentiel est annoncé à moins de 20%.
Raison de plus pour décupler la dynamique de la campagne de Raphaël Glucksmann pour une gauche sociale et démocrate, européenne sans trembler, force de proposition à Strasbourg aux côtés du Parti Socialiste Européen. C’est le gage d’une Europe progressiste, qui force le cap d’une Europe intégrée et écologiste, loin des combines politiciennes nationales qui déshonorent ceux qui s’y prêtent.